CARMEN

Mediapart

« Des dominants plus éclairés auraient donc eu l'audace suprême, tant leur faculté de récupération semble parfois infinie, d'intégrer la colère de ces intermittents, de ces oiseaux rebelles, à la mise en espace vertigineuse de Romain Gilbert.

L'officier Moralès (devenu ici régisseur de théâtre) tente sa chance auprès de Micaëla, venue rencontrer Don José dela part de sa mère. Celui-ci opère un transfert de testostérone du domaine militaire au champ culturel. Ce ne sont plus, comme dans le livret de Meilhac et Halévy, des butors plus ou moins galonnés en train de tourmenter les femmes qui leur tombent sous la main. Foin de cette logique clichetonneuse qui colle à la peau des soudards : voici des artistes, au sein d'un théâtre et peut-être même d'un opéra. Ils se conduisent en prédateurs sexuels, l'air de ne pas y toucher grâce à leur vernis culturel, qui se craquelle aux premiers désirs du bas-ventre.

(...)

une œuvre archi-célèbre parvient à ne jamais paraître archi-rabâchée. Et ce, tout en questionnant notre époque avec l'acuité d'un laser, sans pour autant nous priver des douceurs que réactive la bonne chanson : « Sans fausse note et sans fadaise,/ Du doux mal qu'on souffre en aimant. » (Verlaine) »

 

Forumopera

« C’est un tour de force que propose Romain Gilbert qui parvient, alors qu’il ne dispose que de quelques mètres carrés de scène, à proposer une vraie vision de l’opéra donnant l’impression d’une véritable mise en scène très aboutie. Le « décor », agrémenté de la scénographie et des costumes de Mathieu Crescence, déplace l’action dans les coulisses d’un théâtre où Don José est acteur et Carmen ouvreuse de spectacle. Malgré les limites évidentes de ce déplacement auquel le livret ne se prête pas de façon systématique, l’idée de cette mise en abîme, s’agissant d’un opéra où tout est spectacle, et où la coulisse se fait le lieu symbolique de la déchéance progressive de Don José ne peut que stimuler le spectateur. Les lumières de François Menou prolongent très habilement l’effet de mise en scène, notamment lors de l’apparition façon star de cinéma d’Escamillo »

 
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Rue89

"Quatre actes – la place, la taverne, la montagne et la corrida – se tiennent dans un petit périmètre scénique grâce à des astuces bien vues du metteur en scène, Romain Gilbert. Le jeu de lumières, parfois hors scène, complète un dispositif réduit à l’essentiel. C’est effectivement une prouesse qui est relevée ici avec un recours sans complexe à peu de décors pour un classique qui a souvent eu tendance à en faire des tonnes."